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L'influence des nouveaux polluants sur la grossesse

La professeure Larissa Takser.
La professeure Larissa Takser.

24 janvier 2008

Audrey Toupin et Stéphanie Mongeau

Les recherches de Larissa Takser, professeure au Département d'obstétrique-gynécologie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, visent à étudier les effets des polybromodiphényléthers (PBDE) sur le fonctionnement de la glande thyroïde chez la femme enceinte. «Le but de ces recherches est nul autre que de faire réglementer ces substances avant qu'elles ne nous envahissent», indique la professeure Takser.

Les PBDE, très similaires aux BPC, sont ajoutés à divers produits de consommation courante tels que les textiles, les plastiques, les isolants des fils électriques, les ordinateurs et les voitures pour les rendre moins inflammables. Toutefois, lorsque le produit est chauffé, les PBDE sont libérés dans l'air. Une fois absorbés, ils s'accumulent et persistent dans notre organisme. Leurs niveaux dans l'environnement, quoique faibles actuellement, sont en perpétuelle hausse en Amérique du Nord. Bien que la toxicité des PBDE soit étudiée chez l'animal, dans la population générale, on connaît moins bien les conséquences sur la santé.

Pour mieux comprendre les effets toxiques des PBDE, la professeure Takser, en collaboration avec plusieurs chercheurs de l'Université de Sherbrooke, a étudié ces effets sur les moutons et les rats en gestation. Une exposition de la femelle gestante aux doses extrêmement faibles de PBDE était suffisante pour les retrouver dans l'organisme de la portée. «Chez les ratons, on a noté une baisse notable de l'hormone thyroïdienne, une hyperactivité, une augmentation significative du poids corporel et un problème d'assimilation du glucose, affirme la chercheuse. De plus, on a noté une nouveauté jamais publiée à ce jour : l'atrophie de la glande surrénale et une diminution de la corticostérone (l'hormone du stress).»

Symptômes de l'hypothyroïdie

La dépression, la prise de poids, le manque d'énergie et la fatigue constituent quelques-uns des symptômes de l'hypothyroïdie. Cette maladie réversible peut être traitée par l'ajout d'hormones synthétiques. Toutefois, certaines femmes ignorent totalement en être atteintes. Larissa Takser, en collaboration avec la professeure Marie-France Langlois, du Service d'endocrinologie du CHUS, fait des recherches sur les femmes enceintes de la région pour évaluer les impacts des PBDE sur les fœtus. En début de grossesse, lorsque le fœtus ne possède pas encore de thyroïde, les hormones thyroïdiennes de la mère assurent le bon développement du fœtus et particulièrement celui de son cerveau.

Dans certains cas, les hormones thyroïdiennes de la femme enceinte peuvent chuter : c'est l'hypothyroïdie. Cette hypothyroïdie pourrait affecter le développement cérébral de l'enfant. Des troubles de l'attention et du comportement tels que l'hyperactivité et l'anxiété peuvent alors survenir. L'hypothyroïdie pourrait également engendrer des complications de la grossesse, notamment la naissance prématurée de l'enfant, le retard de croissance ou la grossesse prolongée.

Avec ses recherches, la professeure Takser désire donc sensibiliser les gouvernements à une réglementation possible, tout comme c'est le cas aujourd'hui en Europe.